jeudi 5 novembre 2015

Libourne, le cimetière de la Paillette


Libourne ou l'étrange cimetière de 
LA PAILLETTE






Si la beauté de la mort peut nous paraître étrange voire étrangère à nous, occidentaux du IIIème millénaire façonnés par le confort de notre vie moderne, alors oui le cimetière de La Paillette est un lieu étrange où la mort est célébrée, sculptée, gravée, encensée comme le plus grand des voyages : l’ultime et mystérieux passage vers la vie éternelle.

       L’éternité… la vie en plénitude des hommes libérés du carcan de leur humanité, les retrouvailles célestes des êtres douloureusement séparés…

      De tout temps et peut-être plus encore autrefois qu’aujourd’hui, la mort faisait partie de la vie comme la vie faisait partie de la mort. C’était ainsi. Déjà les hommes de la Préhistoire enterraient leurs défunts avec des objets du quotidien en vue de leur utilisation dans l’au-delà…

      Des vivants de la terre aux vivants de l’Eden, le cimetière de La Paillette nous entraîne dans les dédales de l’histoire de France au XIXème siècle et l’avènement d’un nouveau courant de pensée : le Romantisme, entre ciel et terre…


Quand l’art côtoie la mémoire


Lorsque l’on pousse le large portail d’entrée du cimetière de La Paillette, la surprise est immense : chaque stèle, chaque tombe, chaque mausolée semble avoir été conçu de manière unique et singulière, loin de l’impression architecturale parfois monotone des cimetières contemporains.

Ici un buste sculpté monumental, là un bas-relief en bronze, plus loin la silhouette gracile d’une jeune femme en pleurs ou encore la délicate représentation d’une belle endormie.

Partout la beauté l’emporte.

Et plus encore cette sensation de vie émanant de l’utilisation de la pierre comme matériau de construction, du particularisme des stèles ou de la présence ça et là d’une végétation salvifique et sereine. Oui la vie est présente, elle est palpable, elle est transcendante…

Ici tout est symbole de vie, de la lampe dont s’échappe une flamme à l’urne dévoilant son secret, de la couronne de fleurs printanières au sablier portant des ailes, de l’étoile des libres penseurs aux mains unies des époux…

L’art transpire la vie comme une invitation à la paix : celle des défunts et celle des vivants…
La douleur de la séparation s’efface peu à peu devant la beauté du message, l’invitation au rêve, la force de l’espérance…


Les cimetières du XIXème siècle


Bien loin d’une vision exclusivement chrétienne de la mort, les cimetières du XIXème siècle, sont, au contraire, le reflet d’un nouveau courant de pensée, d’une nouvelle conceptualisation de la mort concrétisés par la signature du décret impérial du 12 juin 1804 (23 prairial an XII) concernant la réglementation des funérailles et l’agencement des cimetières.

      A partir de cette date, l’Eglise ne possède plus le monopole des fournitures et des services funéraires qui sont passés aux fabriques et aux consistoires, c’est à dire des établissements publics du Culte. Le cimetière est éloigné de la ville, dans un endroit calme et pittoresque. Il est agencé comme un parc ou un jardin public, s’ouvrant à la mémoire aussi bien qu’à la promenade. Il est devenu propice à la flânerie des cœurs et des corps dans une contemplation nouvelle et jusque là impossible.

    Cette nouvelle conception philosophique de la vie et de la mort s’inscrit dans l’histoire même de notre pays soumis aux aléas des époques et à l’évolution de la vie, mais aussi dans la grande histoire du monde, tel le marqueur indélébile du reflet de la pensée humaine.

   Depuis la préhistoire, et dans toutes les civilisations, la croyance en la survie de l’âme autant que le respect des défunts furent à l’origine des différents rites funéraires. Cette croyance s’étendait du domaine religieux à tous les courants de pensée philosophique et humaine. Elle était naturelle, mieux, elle était innée.

     L’idée du néant après la mort est un concept récent lié aux progrès innovants de la science et à la volonté de vouloir expliquer l’inexplicable. Or nous le savons bien, tout ce qui touche la profondeur des âmes et des cœurs, sondant les domaines du subconscient, reste et restera toujours un mystère aux yeux des plus éminents spécialistes.



L’étymologie du mot cimetière (cimiterium en latin) provient du grec κοιμητηριον, voulant dire dortoir. Dans les premières nécropoles ouvertes puis dans les catacombes, les tombes ressemblaient à d’immenses dortoirs. Les défunts semblaient y dormir, attendant dans la paix leur arrivée de l’autre côté de la vie. L’avènement du Christianisme avait fait naître la volonté d’être inhumés entre frères chrétiens le long de la Via Appia, près des corps des saints comme ceux des apôtres Pierre et Paul. Etrusques, juifs et romains avaient l’habitude d’ensevelir leurs défunts dans les souterrains, carrières désaffectées pour la plupart. Avec le Christianisme naquirent les cimetières à hypogée[1], plus complexes et plus vastes afin d’accueillir toute la communauté dans la même nécropole. Cette organisation perdura jusqu’au Moyen Age en Europe lorsque Charlemagne demanda une révision des codes et des rites cimétériaux. L’espace funéraire fut alors réagencé suivant de nouvelles dispositions et selon de nouveaux rites donnant naissance au cimetière chrétien proprement dit entourant l’église paroissiale.   

Mais les sépultures étaient impersonnelles voire anonymes et le droit d’être inhumé à l’intérieur des églises  restait l’apanage des nobles, contre de fortes sommes d’argent.

      C’est au XVIIème siècle que les progrès de la science et la préoccupation hygiéniste de l’époque bouleversèrent ce schéma. Les médecins avaient établi la corrélation entre les émanations des cimetières et les maladies contagieuses comme la peste. Le caractère insalubre des cimetières fut proclamé et un arrêt du 12 mars 1763, du parlement de Paris, proposa la refonte générale du régime millénaire des sépultures ad sanctos (près des saints) et apud ecclesiam (près des églises).

      Les cimetières du Père Lachaise à Paris, de la Chartreuse à Bordeaux ou de La Paillette à Libourne sont le fruit de cette décision, plus liée à la peur de la mort qu’à une volonté réelle de protéger les populations d’une éventuelle maladie. La préoccupation hygiéniste servit de prétexte à éloigner la mort du centre des villes. Elle devenait gênante, oppressante, obscène pouvait-on lire parfois.

      De la lumière de la science était née l’ombre de la mort…


La naissance du cimetière de La Paillette


A Libourne, la décision de construire un nouveau cimetière fut abordée et votée le 1er août 1804 par le Conseil Municipal réunit à ce seul sujet. Mais la difficulté de trouver un espace ralentit la procédure. C’est en 1808 que le maire de Libourne acheta un terrain au sieur Bontemps sur la voie de pèlerinage menant au sanctuaire de Condat. Son nom proviendrait de la métairie de La Paillette auquel il appartenait, propriété du Chevalier de Calvimont. Il pourrait aussi provenir d’un écrivain libournais, le sieur de La Paillette, dont les archives du vieux cimetière de Toussaints à Nantes, révèlent la présence. Dès 1809, les premières stèles jaillirent de terre sous la forme de mausolées dont la taille n’avait d’égal que la notoriété de ses propriétaires. En effet, la grande révolution des cimetières du XIXème siècle fut celle du sens napoléonien apporté à la réglementation de la mort. Finis l’anonymat, l’injustice sociale ou l’oubli des défunts, désormais les cimetières deviendraient des sortes de Panthéons des Illustres offrant à tous l’identité et les mérites de ses hôtes, gravés à même la pierre, dans un cadre idyllique où la végétation et l’architecture se joindraient en un tableau romantique. Le Romantisme naissait… Apparu en Europe du Nord, ce nouveau courant de pensée, faisant suite au rationalisme poussé du XVIIIème siècle, le siècle des Lumières, s’étirait à tous les domaines, de la peinture à la sculpture, la musique ou la politique. Il reflétait l’exaltation du sentiment face aux limites subjectives de la raison, explorant les thèmes de l’évasion et du rêve, du ravissement ou de la passion,  s’élevant dans un fracas de couleurs, de formes et de sons nouveaux vers le monde invisible des esprits et des âmes.
C’était le temps des Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau, des Méditations de Lamartine, des Odes de Victor Hugo… le lieu des retrouvailles spirituelles entre le ciel et la terre.

     Au cimetière de La Paillette, l’ « Allée des grands hommes », nouvellement baptisée par la municipalité libournaise[2], illustre la volonté de l’époque de créer un panthéon municipal accessible à tous. Le mausolée de la famille Lacaze dans lequel repose, entre autres, le peintre Théophile Lacaze, exprime à lui seul cette perspective de sortir de l’anonymat et d’offrir à la vue de tous les mérites et les honneurs des célèbres défunts.  Si les mausolées furent les formes primitives des tombeaux de La Paillette, ils laissèrent bientôt la place aux chapelles funéraires, sortes de réduction symbolique de l’habitat des vivants dans la ville des morts. Le cimetière en comporte vingt-deux.  Il serait difficile de vous cacher que ma préférence va vers la jolie chapelle miniature de Condat…


    A la « Croisée des chemins » trône l’impressionnante colonne surmontée du buste de François Battanchon, violoniste à l’origine d’une société musicale créée en 1843. Cette œuvre architecturale grandiose met à l’honneur les mérites du musicien (et de sa famille musicienne) à travers des bas-reliefs en forme de harpe et de guitare. Son visage grave et déterminé laisse transparaître la force et aussi la fierté du personnage dont l’écharpe s’échappant dans le vent semble onduler au rythme de son cœur. Une fois de plus la vie émane de l’œuvre, tant par l’utilisation de la pierre de taille, souple et crayeuse que dans sa réalisation artistique.


    Il est important de noter, à cet instant de l’exposé, que les nouvelles législations concernant les cimetières du XIXème siècle, prévoyaient un élargissement de l’acquisition de sépultures individuelles, de concessions temporaires ou perpétuelles à toutes les personnes désirant y être inhumées, toutes confessions confondues. Le passage de la réglementation des funérailles et de l’agencement des cimetières à la municipalité ouvrait au plus grand nombre l’espoir d’y reposer après sa mort. De fait, la pression démographique multiplia les tombes des anonymes qui entourèrent peu à peu celles des notables ou des personnalités de La Paillette.


Quelques tombes remarquables et leur symbolique


Il serait impossible de vous décrire ici l’ensemble des personnalités inhumées dont les noms sont parfois bien connus des libournais, je veux parler de Louis Didier, René Princeteau, Jean-Raymond Guyon, Robert Martrinchard ou Abel Surchamp pour ne citer que ceux-là, le petit guide du cimetière vous en parlera mieux que moi, aussi ai-je choisi de m’attarder sur la singularité architecturale et symbolique de certaines tombes qui font de ce cimetière un véritable musée à ciel ouvert.





     L’une des plus belles œuvres, en marbre brut, est celle attribuée au jeune Léon Morin, architecte de profession ou peut-être membre d’une loge maçonnique selon les attributs qui le caractérisent  (dont l’étoile à cinq branches symbole de la franc-maçonnerie ou de la libre pensée). Ce bas-relief extraordinaire offre à la sépulture un caractère hors du commun qui dépasse largement le cadre d’un tombeau. On rentre ici de plein fouet dans le monde de l’art, saisi par la force et la beauté de la sculpture.



      Près de l’ « Allée des chapelles » se dresse une autre statue à la beauté saisissante représentant une jeune femme tenant dans sa main droite son visage et dans sa main gauche un bouquet de fleurs serré contre son cœur. La sensualité de ses traits contraste avec la dureté de son nom : la douleur. Ici le Romantisme prend toute sa signification à travers le mythe freudien sous-jacent d’Eros et Thanathos. L’amour et la beauté de la jeunesse, transcendés par la sensualité et l’indécence de la mort s’affrontent dans un combat intérieur ou l’amour doit vaincre pour ne pas être emporté par les pulsions morbides présentes chez tous les êtres humains. Une fois encore, sans rentrer pleinement dans une symbolique religieuse, l’œuvre magnifie la puissance de l’amour, qu’il soit humain ou christique, comme l’arme ultime de la victoire sur le mal.

      A l’entrée du « Chemin des hauts rêves » s'érige un petit monument funéraire à l’importance cruciale. Sa forme nous indique directement la personne qui y est inhumée. En effet la colonne tronquée ou brisée comme celle que nous voyons ici symbolise la virilité fauchée dans la fleur de l’âge. Il s’agit donc d’un jeune homme dont un deuxième élément renforce la description : le bas relief en bronze montrant un avion s’écrasant au sol…
Point besoin d’explication ou de texte à rallonge : l’art parle de lui-même.






      Quelques enjambées plus loin sur le « Chemin des soldats », se dresse un autre bronze, dédicacé cette fois-ci par les élèves d’une école chrétienne en l’honneur du père Lucaris, Charles Gaspalon dans le civil.  Le prélat était tant aimé de ses pairs que son épitaphe ajoute les lettres majuscules TCF à son nom : Très Cher Frère Lucaris. Son effigie en bronze est une véritable œuvre d’art que de nombreux pillards ont tenté de dérober. Des traces de coups de burin sont visibles au bas de la sculpture sur la droite.


      Il est malheureusement impossible de faire le compte des œuvres pillées dans le cimetière, le conservateur en découvre de nouvelles régulièrement. A croire que les voleurs connaissent mieux que nous la valeur patrimoniale du lieu. Voilà pourquoi la municipalité a choisi de mettre en valeur le cimetière de La Paillette, le réhabiliter, le conserver, le promouvoir par un guide de visite et porter un souci grandissant à son agencement et à son utilisation. Cet intérêt municipal, suscité par Annie Conte, Déléguée aux droits civiques, aux archives et aux affaires juridiques, est une belle récompense pour tous les amoureux du patrimoine libournais et un honneur pour l’OPPAL de voir Libourne retrouver sa place dans le cœur de ses élus et de ses habitants…




      Le cœur, peut-être est-il là le maître mot du cimetière de La Paillette, le cœur, symbole de vie, symbole d’amour. Cœur des hommes, cœur des âmes, ses battements sont éternels comme est l’amour qui ne s’éteint jamais entre les êtres qui s’aiment. La séparation physique et douloureuse de la mort ne marque en rien la fin de l’amour, au contraire elle le transforme, elle l’affine, le transcende. L’amour est désormais libre et sans limites. Le symbole des mains jointes que l’on retrouve un peu partout dans le cimetière le confirme : l’amour est éternel.

      Au bout du « Chemin des hauts rêves », on peut sentir battre le cœur du cimetière de la Paillette : une stèle particulière à la symbolique éminemment christique, révèle la représentation d’un cœur humain placé aux creux d’un écrin de pierres sur lequel se dresse une croix enveloppée de lierre. Il s’agit du Sacré Cœur de Jésus, qui, contemplé par les visiteurs, devient objet d’adoration, Saint Sacrement par excellence. L’amas de pierre qui le contient symbolise le calvaire, le Golgotha, lieu de la mort du Christ. 

Mais la mort sans la résurrection n’existe pas, tel est le message de l’Evangile, aussi le calvaire est-il directement surmonté d’une croix symbolisant le redressement de l’homme dans la vie éternelle. Et pour ceux qui n’y croiraient toujours pas, un nouvel élément vient magnifier l’ensemble, prenant sa source à la base de l’édifice et s’élevant jusqu’au ciel : le lierre, symbole d’éternité et d’attachement. Non la mort sans résurrection n’existe pas, le lierre révèle le cœur de Jésus, symbole du cœur des hommes, et sert de lien entre l’Ancien et le Nouveau Testament.
Le Christ a vaincu, l’amour est plus fort que la mort…


      Partout le même message sculpté de manière différente : la belle dormeuse de l’allée éponyme ne semble pas éteinte à la vie, elle rêve doucement. Une couronne végétale de feuilles d’Acanthe l’invite à l’éternité et le bouton reconnaissable d’une rose fanée renseigne le visiteur sur sa mort, paisible, dans la fleur de l’âge…

     Sur le « Chemin des soldats », près de la sortie, juste avant le somptueux monument aux morts, surgit un sablier ailé, symbole du temps de Dieu qui n’est pas le nôtre. Dieu est celui qui est. Son présent est partout, en toute chose, en tout homme. Il n’a ni début ni fin, il est incorruptible. Son présent est éternel comme le deviennent les âmes qu’Il accueille en son sein…


      Même le monument aux morts semble vouloir rejoindre le ciel par la flamme jaillissant d’une urne trônant à son sommet. Ici pas de symbolique religieuse par respect des croyances de l’ensemble des soldats tombés pour la France durant la terrible guerre de 14/18. Tous les noms gravés au pied de la stèle appartiennent aux hommes qui y sont enterrés. Ils y sont tous, sans exception. Le monument vibre autant de l’hommage qu’il leur rend que de la beauté de son art. Une fois encore la pierre chaude et savamment sculptée semble s’animer sous le regard. Elle représente les attributs des soldats des différentes guerres depuis 1870. Sa beauté transporte l’âme et élève le cœur qui, désormais ouvert, peut comprendre le message de l’urne : principe de vie féminin, lieu de la fécondation, duquel jaillit la flamme de la connaissance, de la transmission… la naissance de l’homme, au delà de toutes les guerres, au-delà de la mort…




Qu’il est difficile pour moi d’arrêter là ce voyage. J’aurais tant de choses à vous dire… tant de symboles à vous montrer… tant de récits à vous livrer… mais peut-être est-il là le mystère de La Paillette : celui de se dévoiler lentement au rythme du temps qui s’écoule, d’un temps qui n’est pas le nôtre…

Un dernier hommage

Pourtant, en remerciement à la Municipalité d’avoir apporté un éclairage heureux à ce haut lieu du patrimoine libournais, j’aimerais rendre un dernier hommage à un homme dont l’oubli n’a d’égal que la grandeur de ses œuvres : Henri-Jean Moreau. Cet artiste peu connu, voire négligé en son temps est peut-être le plus illustre lien qui unit la ville de Libourne au cimetière de La Paillette. Car Henri-Jean Moreau n’est autre que l’auteur du buste de René Princeteau trônant sur la place du même nom à l’entrée de la Poste, de l’avion du jeune Champly mort en 1917 et bien d’autres encore.
Mais surtout c’est celui qui a offert à Libourne l’un de ses plus beaux monuments, une œuvre grandiose sur laquelle se recueillent régulièrement les élus de la Ville et les anciens combattants : L’Ange du Blessé.







     Emouvant hommage aux morts libournais, message d’espérance, d’amour et de pardon, le monument illumine la place du Poilu sans mémoire aucune pour Henri-Jean Moreau. Exilé au Maroc, face au manque de considération de son pays, l’artiste réalisa des sculptures importantes comme celle du Lion de Rabat ou du buste de Mohammed V. Il revint en Gironde en 1954, malade, avant de s’éteindre en 1956 dans l’indifférence générale. Deux photos de sa sépulture, prises à un an d’intervalle, montrent les dégradations causées par le temps et le manque d’entretien. Il n’a plus d’héritiers…

     Mais nous, habitants de Libourne, ne sommes-nous pas tous ses héritiers ? Ne lui devons-nous pas beaucoup ? Puisse son œuvre être réhabilitée dans les cœurs et la mémoire des libournais et son tombeau sauvé de l’oubli…






     Enfin, passant sous le porche de l’entrée principale du cimetière et jetant un dernier regard sur l’univers insoupçonné que je venais de découvrir, je pouvais lire deux lettres, timides, discrètes, déposées simplement sur les deux énormes piles latérales : l’alpha et l’oméga de l’alphabet grec. Et j’entendais résonner en moi dans un ultime hommage à ce lieu unique, point de jonction entre le ciel et la terre, la phrase de l’Apocalypse de Saint Jean : « …Je suis l’Alpha et l’Oméga, le Principe et la Fin, celui qui a soif, Moi, je lui donnerai de la source de vie gratuitement ».

Camille Desveaux
(Clichés C. Desveaux)




[1] Cimetières extérieurs à l’inverse des catacombes
[2] Pour les Journées du Patrimoine 2015, Madame Annie Conte Déléguée aux droits civiques, aux archives et aux affaires juridiques, a inauguré le Guide de visite du cimetière de La Paillette, consacré à l’histoire, la symbolique, l’architecture et les personnalités inhumées, élaboré sous sa conduite par les services et les intervenants concernés, et entièrement gratuit. N’hésitez pas à le demander.

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