mardi 11 janvier 2022


Libourne, la Confluente








         Toute l’histoire de Libourne est placée sous le signe de la confluence. 

Confluence de rivières avec la rencontre de l’Isle et de la Dordogne, mais aussi de terres, d’horizons et d’hommes. 

Chaque jour la mer et la rivière s’unissent au cœur d’un paysage unique, riche de la diversité de ses sols. 

Cette richesse, fécondée par la douceur du climat océanique est à l’origine de la première implantation humaine à l’endroit où prospéra le village de Condatis sur lequel s’érigea la magnifique bastide de Libourne.


Voici les éléments clefs de son histoire pour mieux comprendre la ville actuelle...

 

 

I)               Une situation géographique hors du commun

 

    Située au confluent de L’Isle et de la Dordogne, la ville de Condatis (premier nom de Libourne voulant dire confluent) fut dès la période Gallo-Romaine un lieu d’échanges commerciaux importants. Grâce à la profondeur et à la largeur du confluent aux pieds de la ville, les grands bateaux de mer pouvaient y mouiller sans crainte, faisant de Condatis le premier port de navigation maritime à près de 100 km de la mer (par voie fluviale). En effet ce confluent en bout d’estuaire permettait aux bateaux de négoce d’éviter Bordeaux et d’approvisionner directement la ville du confluent.

C’est un fait géographique unique en Europe.

 




 

II)             La présence de Charlemagne


          Sur le plan historique cette fois-ci, la venue de Charlemagne à Condatis en 769 lors de la construction du château de Fronsac, qui lui permit de remporter la victoire sur le duc d’Aquitaine et de réunifier la région au royaume de France, fut un événement fondateur.

              Charlemagne et ses troupes logeaient à l’entrée de la ville lors de la construction de la                 forteresse et durant un an, participèrent à sa vie économique et sociale.

 


Le tertre de Fronsac, en face du port de Libourne




 

III)            La Sainte Epine de Libourne

 

       Pour remercier les habitants de Condatis de l’avoir accueilli, lui et ses troupes, Charlemagne offrit à la ville un objet précieux qui allait devenir l’un de ses atouts économiques et politiques : une épine de la Couronne du Christ (offerte par le Sultan Haroun al Rachid lors de son sacre en l’an 800). Considérée comme une Sainte relique (relique attribuée à Jésus), la Sainte Epine joua un rôle crucial dans le développement de la ville jusqu’à la période de la Restauration. En effet, les Saintes reliques (cf Constantin ou Charlemagne) étaient considérées comme un symbole de puissance absolue. Posséder une relique du Christ revenait à posséder le pouvoir.




La Sainte Épine de Libourne



 

IV)           La période anglaise


       La construction du Château de Condat dans la palus éponyme par l‘arrière grand-père d’Aliénor d’Aquitaine joua un grand rôle dans le développement de Condatis. C’est ici que venaient chasser les rois d’Angleterre après le mariage d’Aliénor et d’Henri Plantagenêt. C’est aussi à ce moment là que se développa fortement le négoce du vin. Les anglais offrirent de très nombreux privilèges à la ville durant les trois siècles de leur présence et c’est à un chevalier anglais, sir Roger de Leyburn que le roi Edouard Ier offrit la nouvelle bastide en construction qui prit désormais son nom.



La Chapelle de Condat près de laquelle s'élevait le château des rois d'Angleterre



 

V)            La plus grande bastide d’Aquitaine


        Libourne est une bastide, c’est à dire une ville nouvelle du Moyen-Âge. Près de 400 bastides furent construites durant la période anglaise pour trois grandes raisons :         

- une raison démographique : il s’agissait de concentrer la population grandissante dans des lieux sûrs et prospères.

- une raison économique : les villes étaient des lieux d’échanges et de commerce importants.

- une raison stratégique : les villes étaient fortifiées garantissant la sécurité des habitants lors des attaques ennemies. Rappelons que si l’Aquitaine était entrée dans le Girons de la Couronne d’Angleterre, celle-ci restait vassale du royaume de France qui multipliait les attaques pour récupérer son dû.

 

Les bastides étaient construites selon un plan préalablement établi à partir de la géographique physique du lieu. Pour Libourne il était pentagonal. Erigées selon la structure d’un camp romain, les bastides possédaient deux rues principales à l’instar du cordo et du decumenus qui se coupaient en angle droit au niveau de la place publique (représentant l’ancien quartier général). Sur cette place devaient être obligatoirement présents l’Ostau de Bilau (l’Hôtel de Ville) et l’église (le temporel et le spirituel). A Libourne l’église Saint Thomas (le Marché Couvert d’aujourd’hui) se trouvait en face de la mairie. Mais rapidement, face à sa vétusté, l’église Saint Jean, plus près du port, grandit en taille et en notoriété devenant l’église principale de la ville.

C’est le Prince Noir qui fit bâtir les murailles de la ville d’une circonférence de 2,5 km sur deux rangées de murs et de tours dont seule la Tour du Grand Port a survécu.



La Tour du Grand Port, vestige des murailles de Libourne


 

VI)           La présence de Louis XI

 

      A la fin de la guerre de Cent ans et la destruction du château de Condat par l’armée française, nombreux furent les libournais qui quittèrent la ville pour aller vivre en Angleterre. En effet si la période anglaise fut parfois mouvementée en France, elle fut pour Libourne un formidable élan de prospérité. Voilà pourquoi les français se vengèrent-ils sur la jolie bastide.

        En 1462, les libournais supplièrent le roi de France en visite à Bordeaux, de rebâtir leur ville qui était en ruine. Le roi accepta de se déplacer et fut conquis par la présence de la Sainte Epine de Charlemagne qu’il fit transporter en procession. Il décida de reconstruire la ville qui devint, selon plusieurs historiens, une des plus belles vitrines de la chevalerie française.



La bastide de Libourne au confluent de l'Isle et de la Dordogne



VII)         Révolution et Restauration

 

     Après les désastres causés par la Révolution Française tant sur le plan économique que patrimonial, Libourne fut presque totalement anéantie. Il fallut attendre la Restauration pour que la ville soit entièrement rebâtie de la manière que nous connaissons aujourd’hui. Les murailles furent détruites afin de permettre l’extension de l’urbanisation hors des murs d’enceinte. Les allées entourant le centre médiéval permirent la création de nouveaux quartiers en forme d’éventail. En effet les deux rivières bloquaient toute possibilité de construction à l’Ouest de la ville.





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