Les Riches Heures de La Bastide de
Libourne
Pendant
plus de cinq siècles les 21 et 22 Juillet (jour de la fête de Marie Madeleine) furent
des jours importants pour Libourne.
En effet, depuis la signature de la charte communale en 1270, la
conduite des affaires de la cité est confiée à un maire. La charte communale
précise les modalités de sa désignation.
Ce sont tout d’abord les bourgeois de Libourne (c’est à dire les
personnes possédant dans la ville une maison ou un terrain) qui doivent élire
12 Jurats (ce sont en quelques sortes l’équivalent des actuels conseillers
municipaux). Ces jurats élus doivent à leur tour élire parmi eux deux jurats
susceptibles de devenir Maire. Dès le lendemain, ces deux hommes se rendent à
Bordeaux pour se présenter au Sénéchal de Gascogne, dépositaire en Aquitaine de
l’autorité royale. Et c’est donc le représentant du roi qui choisit le nouveau
maire parmi les deux candidats qui lui sont présentés. La charte précise même
que si le sénéchal de Gascogne ne choisit pas de maire, c’est dans ce cas aux
jurats de Libourne que revient le choix final.
Ci dessus l’église du couvent des cordeliers où les
maires de Libourne prêtaient serment à leur entrée en fonction. Le couvent
lui-même abrita les réunions du corps municipal
jusqu’à la construction de l’Hôtel de ville en 1427. Ce haut lieu de la
vie politique libournaise fut démoli presque entièrement en 1962 pour agrandir
le bureau de poste.
Deux points méritent ici
d‘être soulignés.
D’une part, le processus de désignation du maire prévu en 1270
n’est finalement pas si éloigné du processus actuel, qui prévoit, lui aussi, l’élection
de conseillers municipaux par les citoyens, et dans un second temps l’élection
d’un maire au sein du conseil municipal. Il est même tout à fait similaire en
cas d’abstention du sénéchal de Gascogne. C’est avant la lettre un processus
démocratique.
D’autre part, le dispositif de la charte communale souligne à la
fois la liberté accordée aux libournais et la pleine puissance du roi sur la
Ville :
>
La
liberté parce que la charte laisse aux bourgeois de Libourne la possibilité de s administrer eux mêmes et d’être
administrés par l’un des leurs. Ainsi l’organisation de la vie communale ne
dépend–t-elle que des libournais du moins dans son quotidien ;
>
La
puissance du roi d’Angleterre est à Libourne pleine et entière. C’est lui qui a
octroyé la charte et c’est lui qui par son représentant désigne le maire. La
ville entière, dont il est le créateur, lui appartient en propre. En plein
moyen âge Il n’y a aucun intermédiaire féodal entre Libourne et son roi.
Ainsi les journées des 21 et 22
Juillet sont-elles marquées chaque année par un rappel à l’autorité et de la
protection royale et par la confirmation des libertés qui assurent la paix et
la prospérité de la ville.
Ayons enfin une pensée pour Raymond Brun de Fronsac qui fut le
premier maire de Libourne !
Pour l'OPPAL : Jean-François
Le Strat
Ont collaboré : Léo Le
Strat et Dominique Rose