mardi 22 juillet 2014



La Tour du Grand Port de Libourne : un bel hommage

Libourne : une entrée stratégique de la ville 
(David Gauthier, Sud-Ouest Libourne)

La tour du vieux port est l’emblème de la ville. Cette majestueuse porte connut le premier âge d’or du port de la bastide, au cœur de la guerre de Cent Ans.


La tour du vieux port est l’un des seuls vestiges de la muraille qui encerclait la bastide.
Les gonds de la porte n'avaient pas grincé depuis une trentaine d'années. Une fois dans la tour du vieux port, on est écrasé par le poids historique du lieu. « C'est un des seuls vestiges de la muraille qui encerclait la bastide. L'enceinte mesurait plus de deux kilomètres de long et s'élevait à quinze mètres de haut », rapporte Camille Desveaux avec précision. La géographe et historienne est spécialisée en histoire médiévale. Elle redécouvre en pénétrant entre ces murs un pan de l'histoire de Libourne qu'elle avait seulement entrevu dans les livres. « La ville était alors une bastide royale anglaise », souffle l'historienne.
Il faut imaginer l'importance de cette porte au XIVe siècle, véritable entrée de la ville. La configuration de la bastide était unique. « À une époque où tout se faisait par la mer, les bateaux pouvaient remonter jusqu'à Libourne, à cent kilomètres dans les terres », relate Camille. Un carrefour entre l'arrière-pays et le nouveau monde. « Il n'y avait pas d'équivalent », insiste-t-elle.
Une situation rendue possible par le confluent entre la Dordogne et la rivière de l'Isle. La rencontre entre les deux cours d'eau creusa une grande fosse qui permettait aux bateaux de mouiller. « Libourne était appelée Condatis, qui signifie confluent en celte, jusqu'à la construction de la Bastide en 1270 », confirme notre guide.
Le port accueillait jusqu'à 200 bateaux. Des marins de mers croisaient des marins fluviaux et la ville prospérait du commerce du sel. « L'or blanc de l'époque ! », s'exclame Camille. Le sel était essentiel pour conserver les denrées. En tant que « grenier à sel », le port de Libourne avait reçu le privilège de devenir un entrepôt à sel. L'un des seuls de la région.
« Ce privilège fut accordé par le Prince Noir, fils du roi d'Angleterre, en 1341, précise-t-elle. La bastide devint un pôle d'attraction formidable. Le commerce était florissant ». Les marchandises circulaient en abondance. La souveraineté anglaise, loin de déplaire aux Libournais, permettait d'entretenir des échanges commerciaux avec la couronne d'Angleterre. « De l'arrière-pays, des navires chargés de bois, légumes, produits locaux et régionaux débarquaient ici », énumère Camille.
Les querelles entre le roi d'Angleterre Edouard III et le roi de France Philippe IV, au début du XIVe siècle, sont les prémisses de la guerre de cent ans. « Le Prince Noir fait ériger les remparts vers 1360 pour protéger la ville », raconte Camille Desveaux.
La tour du vieux port sort peu à peu de terre. « Les bateaux bretons, anglais et normands naviguaient jusqu'au port de Libourne chargés de granite. Les pierres, une fois à quai, étaient utilisées pour construire les murailles. » D'où l'aspect gris de la porte, qui contraste avec le calcaire roux qui habille les murs de certaines habitations de la région. « Le granite ne s'effrite pas, et résiste aux affres du temps », certifie-t-elle.
« Libourne renoue aujourd'hui avec son rôle d'ouverture sur le monde », constate l'historienne. Un ponton a été construit l'an dernier, et des bateaux de croisières affluent, plus nombreux chaque année. Au bord de l'Isle, Camille Desveaux a les yeux plongés dans l'histoire. « La ville doit redécouvrir son patrimoine pour s'ouvrir vers l'avenir, assène-t-elle. Elle doit s'ancrer dans sa réelle vocation originelle : être une citadelle de la mer ».


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