lundi 24 août 2015

Secrets d'été : Libourne et la Dordogne...



Secrets d’été…
                                  


                                                 (En direct de La Bourboule, Auvergne)



Libourne et la Dordogne, un conte de fées…




Lorsqu’elle arrive à Libourne, la Dordogne déploie fièrement ses eaux le long des quais de la ville. Sa largeur, que l’embouchure de l’Isle accentue encore, fut à l’origine de la prospérité de la cité antique et de la jolie bastide médiévale. 
De l’union de la ville et du fleuve naquit la richesse…

Aujourd’hui, après un siècle de solitude, la rivière s’anime à nouveau, porteuse de vie et d’espérance, entraînant en son cours d’élégants bateaux de tourisme fluvial.

Mais d’où vient cette eau salutaire qui assura le développement de Libourne et lui donne encore cette allure si particulière ?

Au commencement, les fées se penchèrent sur son berceau… 


La naissance de la Dordogne


La source de la Dordogne
C’est au pays des sources vives, en plein cœur de l’Auvergne sur les pentes du Puy de Sancy, que sourd la Dordogne, petite rivière torrentielle, née de la rencontre de la Dore et de son affluent la Dogne. Ne vous méprenez pas, l’origine étymologique de son nom est bien plus ancienne que la simple juxtaposition des deux mots. Sa plus ancienne appellation fut Dur-unna, du temps des celtes avant de devenir Durunia à l’époque romaine puis Dordoigne et Dordogne entre le Moyen Age et nos jours. L’ancien nom celtique était formé de la racine Dur, Dor qui signifiait eau coulante ou eau rapide ou encore source et du suffixe unna ou onna que l’on retrouve dans Garonne et qui voulait dire rivière.  Les deux mots accentuent la connotation de l’eau, la qualifient plus précisément.


Au royaume des fées


L’appellation Dur-Unna remonte au temps du Dieu Borvo que vénérait le peuple des Arvernes.
A cette époque, les fées et autres génies tutélaires ou topiques peuplaient les forêts et les croyances des habitants de la région.
Elles étaient les gardiennes des rivières, les muses des sources, les protectrices des âmes.
Rapidement, les sources du Mont-Dore et de La Bourboule, premières villes traversées par la Dordogne, furent l’objet de vénération pour les bienfaits qu’elles apportaient aux corps des personnes qui les buvaient ou qui s’y baignaient.

Nymphe des Eaux
Ce sont les fées, elles-mêmes, qui enseignèrent aux gens les vertus de ces eaux montagneuses après les avoir fait jaillir des volcans d’Auvergne d’un coup de baguette magique. On dit que c’était pour déloger le diable qui les gardait prisonnières au fond d’un vaste cratère. Ainsi libérées, les fontaines purent apporter guérison et bien-être aux habitants de la région et les fées purent s’envoler vers d’autres contrées. En surplomb de La Bourboule, la Roche aux Fées, garde la trace de leur dernier repas : une pierre en forme de table, l’autre à l’allure d’une poêle… le tout si haut perché que rien ne pouvait échapper au regard limpide des divines créatures.

Divona, la céleste, était leur reine, la grande déesse des eaux et son pouvoir était immense. Les Arvernes, tout autant que les Bituriges Vivisques ou les Cadurques, la considéraient comme la déesse mère, la grande Terra Mata, vestige des croyances des hommes du Quaternaire qui s’incarnera plus tard sous les traits de la Vierge Marie. Pour l’heure, c’est encore le Dieu Borvo qui trônait au dessus de ce monde invisible et garantissait la paix aux habitants de la région.


Les thermes du Mont-Dore

Les vertus curatives des eaux du Mont-Dore et de La Bourboule donnèrent naissance aux thermes, lieux de baignade et de traitement curatif par la consommation d’eau, dès la période antique.

Selon la légende, lorsque Jules César et ses armées arrivèrent à Gergovie pour en découdre avec Vercingétorix, les chevaux exténués et titubant se requinquèrent miraculeusement en buvant les eaux du Mont Dore. De nombreux vestiges gallo-romains jonchent encore les parterres des deux villes et font même l’objet d’une magnifique mise en valeur dans les thermes actuels du Mont-Dore.


La Dordogne


La jeune Dordogne au Mont-Dore
C’est à quelques mètres de là que la jeune Dordogne, encore frémissante, dévale de ses eaux cristallines le lit rocailleux du Mont-Dore. Sa fraîcheur la rend méconnaissable pour tout libournais qui a l’habitude de la contempler fière et puissante aux pieds de la bastide girondine. On dirait une enfant, gaie et insouciante, arborant une robe claire d’où semble jaillir la vie. Elle n’est qu’à cinq kilomètres de sa source mais a déjà dévalé une pente de plus de trois cent mètres de dénivelé qui la rend aussi fougueuse qu’un jeune poulain.


Un peu plus bas, au pays du Dieu Borvo, l’ingénue est devenue jeune fille. Elle a grandie, s’est calmée, étalant tranquillement ses eaux le long de la jolie église de La Bourboule.
La Dordogne à La Bourboule

Elle peut désormais s’écouler paisiblement vers le grand vase de retenue de Bort les Orgues où l’attendent de nouvelles aventures…




A partir de là, la Dordogne entre dans sa première vocation fluviale : le flottage, unique moyen d’acheminement des ressources de la montagne, du bois le plus souvent. Après avoir été charroyés et débités les bois prenaient le courant, guidés par les flotteurs et les radeliers jusque dans la région d’Argentat. Aux pieds de la ville, de petites embarcations éponymes, les argentats, transportaient à leur tour, merrains ou charbon avant d’être vendus et débités en planches en arrivant à destination. Il y avait aussi les gabarrots, les filadières et couralins, toutes ces petites embarcations que la Dordogne acceptait sur ses eaux peu profondes au courant impétueux.


Entre Domme et Castillon, la rivière devient la princesse des courauds. Elle a mûri, s’est assagie, développée. Le tonnage élevé de ces longs bateaux à fond plat (cinquante tonneaux) participe à la prospérité des deux villes au XVIIIème siècle grâce à l’acheminement de produits et denrées en tous genre. Les rives s’éveillent, chantent, suent au rythme des rameurs.



La Dordogne à Bergerac


             Large et altière, la belle se prépare à devenir reine, à épouser la ville qui fera d’elle l’impératrice de la gabarre et des grands bateaux de mer : Libourne, premier port de navigation maritime à près de cent kilomètres à l’intérieur des terres. Une situation unique au monde grâce à l’embouchure de l’Isle qui offre à la rivière une immensité et une profondeur incomparables. 





           De cette union magique, que l’estuaire de la Gironde a magnifié en offrant à la belle sa liberté vers l’océan, est né un rapport intime entre la ville et son fleuve : un amour indéfectible et fécond, une ouverture au monde qui se perpétue  aujourd’hui grâce à l’avènement du tourisme fluvial.



                                                     



Camille Desveaux
(clichés C. Desveaux
dernier cliché: voyagedaumin.fr)

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