Secrets d’été…
(En direct de La Bourboule, Auvergne)
Libourne et la Dordogne, un conte de fées…
Lorsqu’elle arrive à Libourne, la Dordogne
déploie fièrement ses eaux le long des quais de la ville. Sa largeur, que l’embouchure de l’Isle
accentue encore, fut à l’origine de la prospérité de la cité antique et de la jolie
bastide médiévale.
De l’union de la ville et du fleuve naquit la richesse…
De l’union de la ville et du fleuve naquit la richesse…
Aujourd’hui, après un siècle de solitude, la
rivière s’anime à nouveau, porteuse de vie et d’espérance, entraînant en son
cours d’élégants bateaux de tourisme fluvial.
Mais d’où vient cette eau salutaire qui assura
le développement de Libourne et lui donne encore cette allure si
particulière ?
Au
commencement, les fées se penchèrent sur son berceau…
La naissance de
la Dordogne
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La source de la Dordogne |
C’est
au pays des sources vives, en plein cœur de l’Auvergne sur les pentes du Puy de
Sancy, que sourd la Dordogne, petite rivière torrentielle, née de la rencontre
de la Dore et de son affluent la Dogne. Ne vous méprenez pas, l’origine
étymologique de son nom est bien plus ancienne que la simple juxtaposition des
deux mots. Sa plus ancienne appellation fut Dur-unna,
du temps des celtes avant de devenir Durunia
à l’époque romaine puis Dordoigne et
Dordogne entre le Moyen Age et nos jours. L’ancien nom celtique était formé de
la racine Dur, Dor qui signifiait eau coulante ou eau rapide ou encore source
et du suffixe unna ou onna que l’on retrouve dans Garonne et qui voulait dire
rivière. Les deux mots accentuent la
connotation de l’eau, la qualifient plus précisément.
Au royaume des
fées
L’appellation
Dur-Unna remonte au temps du Dieu
Borvo que vénérait le peuple des Arvernes.
A
cette époque, les fées et autres génies tutélaires ou topiques peuplaient les
forêts et les croyances des habitants de la région.
Elles
étaient les gardiennes des rivières, les muses des sources, les protectrices
des âmes.
Rapidement,
les sources du Mont-Dore et de La Bourboule, premières villes traversées par la
Dordogne, furent l’objet de vénération pour les bienfaits qu’elles apportaient
aux corps des personnes qui les buvaient ou qui s’y baignaient.
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Nymphe des Eaux |
Divona,
la céleste, était leur reine, la grande déesse des eaux et son pouvoir était
immense. Les Arvernes, tout autant que les Bituriges Vivisques ou les
Cadurques, la considéraient comme la déesse mère, la grande Terra Mata, vestige
des croyances des hommes du Quaternaire qui s’incarnera plus tard sous les
traits de la Vierge Marie. Pour l’heure, c’est encore le Dieu Borvo qui trônait
au dessus de ce monde invisible et garantissait la paix aux habitants de la
région.
Les thermes du
Mont-Dore
Selon la légende,
lorsque Jules César et ses armées arrivèrent à Gergovie pour en découdre avec
Vercingétorix, les chevaux exténués et titubant se requinquèrent
miraculeusement en buvant les eaux du Mont Dore. De nombreux vestiges
gallo-romains jonchent encore les parterres des deux villes et font même
l’objet d’une magnifique mise en valeur dans les thermes actuels du Mont-Dore.
La Dordogne
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La jeune Dordogne au Mont-Dore |
C’est à quelques
mètres de là que la jeune Dordogne, encore frémissante, dévale de ses eaux
cristallines le lit rocailleux du Mont-Dore. Sa fraîcheur la rend
méconnaissable pour tout libournais qui a l’habitude de la contempler fière et
puissante aux pieds de la bastide girondine. On dirait une enfant, gaie et
insouciante, arborant une robe claire d’où semble jaillir la vie. Elle n’est
qu’à cinq kilomètres de sa source mais a déjà dévalé une pente de plus de trois
cent mètres de dénivelé qui la rend aussi fougueuse qu’un jeune poulain.
Un peu plus bas,
au pays du Dieu Borvo, l’ingénue est devenue jeune fille. Elle a grandie, s’est
calmée, étalant tranquillement ses eaux le long de la jolie église de La
Bourboule.
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La Dordogne à La Bourboule |
Elle peut
désormais s’écouler paisiblement vers le grand vase de retenue de Bort les
Orgues où l’attendent de nouvelles aventures…
A partir de là, la
Dordogne entre dans sa première vocation fluviale : le flottage, unique
moyen d’acheminement des ressources de la montagne, du bois le plus souvent.
Après avoir été charroyés et débités les bois prenaient le courant, guidés par
les flotteurs et les radeliers jusque dans la région d’Argentat. Aux pieds de la
ville, de petites embarcations éponymes, les argentats, transportaient à leur
tour, merrains ou charbon avant d’être vendus et débités en planches en
arrivant à destination. Il y avait aussi les gabarrots, les filadières et
couralins, toutes ces petites embarcations que la Dordogne acceptait sur ses
eaux peu profondes au courant impétueux.

La Dordogne à Bergerac |
Large et altière, la belle se prépare à devenir reine, à épouser la ville qui fera d’elle l’impératrice de la gabarre et des grands bateaux de mer : Libourne, premier port de navigation maritime à près de cent kilomètres à l’intérieur des terres. Une situation unique au monde grâce à l’embouchure de l’Isle qui offre à la rivière une immensité et une profondeur incomparables.
De cette union magique, que l’estuaire de la Gironde a magnifié en offrant à la belle sa liberté vers l’océan, est né un rapport intime entre la ville et son fleuve : un amour indéfectible et fécond, une ouverture au monde qui se perpétue aujourd’hui grâce à l’avènement du tourisme fluvial.
Camille Desveaux
(clichés C. Desveaux
dernier cliché: voyagedaumin.fr)
(clichés C. Desveaux
dernier cliché: voyagedaumin.fr)