mardi 15 décembre 2015

Le Château de Libourne



Libourne et son château :
"les noces royales"






Synthèse historique


Depuis le XVIIIème siècle, plusieurs historiens libournais se sont attachés à faire revivre le château de Libourne, en dessiner les contours ou en restituer les chroniques mais le résultat de leurs recherches reste limité face à la réputation de la forteresse décrite dans de nombreux ouvrages historiques d’envergure nationale et internationale.

Par exemple si l’on ne connait pas la forme exacte que devait avoir le bâtiment, on sait avec exactitude ce qui s’y est passé entre le Prince Noir, fils du roi d’Angleterre, et le futur connétable Du Guesclin à l’automne 1367.  C’est ici que le Dogue Noir de Brocéliande (Du Guesclin) aurait lancé au prince de Galles :


« Je vous déclare et je m’ose vanter :
Il n’y a pas une fileuse en France à travailler
Qui ne tâcherait de gagner ma rançon à filer,
Et qui ne voudrait de vos prisons ôter. »

Devant l’assistance ébahie, il fixa la plus grosse rançon jamais demandée par un chevalier de petite noblesse. Cette déclaration légendaire a rendu le château de Condat célèbre dans le monde entier et l’historien Georges Minois en fait une longue description dans son ouvrage culte consacré à Du Guesclin.

D’autres évènements majeurs ont eu lieu au Château de Condat (dont le nom provient de la première appellation de Libourne : Condatis, le confluent) : la mise en place de la charte constitutive de la nouvelle bastide de Libourne, la signature de nombreuses chartes importantes, ainsi que la signature du fameux Traité de Libourne entre le Prince Noir et Pierre le Cruel, le 23 septembre 1366. Pierre le Cruel s’y engageait à dédommager grassement les anglais de leur assistance si ces derniers l’aidaient à monter sur le trône d’Espagne. En gage de fidélité il offrit au Prince Noir le fameux rubis qui orne toujours la couronne impériale de la Reine d’Angleterre… seul bénéfice que retira le Prince Noir de ce traité après la trahison de Pierre le Cruel lorsqu’il eut atteint son but.


La fondation du château de Condat



Plusieurs auteurs attribuent à Guillaume VIII d’Aquitaine, la fondation du château de Condat. Cet homme énergique et avisé fut l’un des grands restaurateurs de l’Aquitaine au XIème siècle, trois siècles après Charlemagne. Sa piété, que le récent passage de l’An Mil avait renforcée, se concrétisa par la fondation de nombreuses églises et abbayes dont les plus importantes de la capitale bordelaise. C’était l’époque où le chroniqueur Raoul Glaber disait que l’Europe tout entière, secouant sa vétusté, se couvrait d’un blanc manteau d’églises…

Le choix de la presqu’île de Condat aux portes de la ville éponyme n’était pas anodin, le lieu était sacré : ancienne forêt des druides, jonchée de nombreuses sources dont celle de la grande déesse Divona puis sanctuaire chrétien dédié à la Vierge Marie dès le premier siècle après Jésus Christ, la presqu’île possédait un caractère mystique et une situation géographique stratégique qui n’échappa pas au Duc Guillaume VIII alias Gui-Geoffroy. En effet, en construisant un château à l’entrée du grand méandre de la Dordogne, on pouvait contrôler les entrées et les sorties des marchandises par voie fluviale, en amont de la future bastide de Libourne.

Bien vite le château des Ducs d’Aquitaine devint résidence royale de France lors du mariage de l’arrière petite fille de Guillaume VIII, Aliénor d’Aquitaine avec le roi de France louis VII, mais sa réputation s’accrut encore davantage avec le changement de royauté dont il fut l’objet en 1152 lorsqu’Aliénor épousa en secondes noces, Henri Plantagenet, futur Henri II, roi d’Angleterre. Pendant trois siècles le château de Condat connut une prospérité sans précédent qui lui valut les foudres de Du Guesclin et de l’armée française après la victoire de Castillon en 1453 : le château fut totalement rayé de la carte.




La seigneurie de Condat et Barbanne


Selon l’historien Guinodie : 

« La seigneurie de Condat englobait non seulement les campagnes environnant le village de ce nom, mais encore partie de celles comprises entre Libourne et la Barbane dans le territoire de la commune. Les rois d’Angleterre en donnèrent successivement les revenus et ceux de la terre de Barbane en Périgord, à divers seigneurs anglais ou gascons ; les rois de France les vendirent aux maire et jurats de Libourne : Henri IV fut le premier en 1595. Cependant les officiers municipaux pour alléger les charges dont ils étaient accablés par la possession de la seigneurie de Condat et Barbane, cédèrent, le dernier juillet 1627, au duc d’Epernon, par acte passé devant Justian, notaire royal, et pour 8,704l iv.19 s. et 6 d., le fief de Barbane et se réservèrent celui de Condat. Les héritiers du duc furent contraints (1667) à payer au roi les taxes faites sur les détenteurs des domaines ou leurs fermiers comme l’était sieur de Calvimont, baron de Cros, seigneur des Tours de Montagne, depuis 1665 et longtemps après. Alors Henri-Charles de Foix et de Candale, connu sous le nom de duc de Foix jouissait du fief de Brabane ; il le réafferma au sieur Montramblan de Saint-Emilion par acte passé par devant Boyer, notaire royal à Bordeaux, en 1711. (…)

Quoi qu’il en soit, le château de Condat avait sans doute biens des agréments : les rois d’Angleterre négligeaient rarement d’y passer quelques jours lorsqu’ils venaient dans la Guienne. Henri III y était en 1243, Edward Ier y vint plusieurs fois, le sénéchal de Guyenne y tenait quelquefois ses assises ; le prince et la princesse de Galles y reçurent les rois de Castille et de Majorque en 1367. Du Guesclin, pour s’y être vu prisonnier de ce prince le dégrada en 1377 ; Richard II le fit réparer en 1394 ; enfin les soldats de Charles VII le détruisirent en 1453. Sa chapelle lui survécut et si on l’agrandit c’est parce qu’elle fut l’objet d’une grande vénération ».


Mais où était donc le château de Condat ?






Selon Christian Martin, en 1895, M. de Séguin, propriétaire du domaine du Caillou, et Monsieur Rocherol, entrepreneur, découvrirent des restes de murs dans le parc de la propriété située face à la chapelle de Condat. Des murs de forme circulaire évoquèrent les vestiges de deux tours; ce qui permit de penser que les restes du château avaient été retrouvés. Ces maçonneries furent remises au jour par les allemands en 1940, lors de l'aménagement d'un tennis. En 2001, une prospection archéologique, permis d'identifier ces substructions comme les restes d'un établissement gallo-romain antique, et non comme ceux d'un château médiéval. La topographie des lieux nous amène donc à localiser le château de Condat au Nord de la Chapelle, à « la Capelle », à proximité de l'ancienne école.


La reconstitution du château de Condat (sur configuration actuelle du lieu)


Selon tous les historiens, sa forme devait s’apparenter aux forteresses du XIème siècle, carrée et certainement flanquée de quatre tours.

Une immense muraille ceinturait le domaine  s’étendant « du rivage, au couchant et au nord de la maison Darsac, nous dit Souffrain, le long d’un grand chemin qui n’est plus qu’une route, jusqu’au canton appelé de Lacroix ; ensuite tournant au midi, elle entourait par une chaussée assez élevée le bosquet appelé l’Ormière, la chapelle (…) et se prolongeait au couchant vers la rivière. »

Les deux piles que l'on connait aujourd'hui, appartenaient peut-être à cette enceinte dont le tracé s’efface des mémoires et du sol au fil des ans. En effet, Souffrain date son histoire de Libourne en 1806 et fut témoin des nombreuses transformations que connut la ville après la Révolution Française. Il raconte comment, ils découvrit lui-même, lors de travaux effectués dans le jardin de Monsieur Darsac, des « toises de fondements ou fortes murailles (…) couvertes de terres cultivées ».







Conclusion



Voilà ce que l’on sait peu ou prou du château de Condat. Mes dernières recherches m’ayant fait découvrir que c’est la source sacrée de Condat (cf "Il était une fois... La Chapelle de Condat") qui permit l’installation du château à côté de la chapelle. Voilà pourquoi la chapelle était située à l’extérieur du château. Cette dernière était déjà célèbre avant que Guillaume VIII ne décide de faire de la presqu’île de Condat un haut lieu de pèlerinage et une seigneurie de renom. Si le parallèle (actuellement à l’étude) entre la fameuse muraille du château de Condat et les deux piles de l’entrée de l’impasse La Capelle se démontrait, alors il serait permis de penser à juste titre que ces larges colonnes seraient, avec la Chapelle de Condat, les derniers vestiges de la puissante seigneurie éponyme…

Pour cela, il faut absolument situer la maison du fameux sieur Darsac qui, si elle s’avérait être celle de Mr Fournial, serait une preuve de l’origine seigneuriale des piles.

Alors continuons à sauver Condat (l’âme de Libourne), car les recherches de cette presqu’île exceptionnellement riche sur le plan historique et spirituel nous réservent encore de belles surprises!



Camille Desveaux

(Texte et aquarelles Camille Desveaux)



jeudi 3 décembre 2015

AG OPPAL 2016

    
COMMUNIQUE SPECIAL OPPAL


                   La Chapelle de Condat à Libourne


Chers amis, adhérents, visiteurs,

L’année 2016 de l’OPPAL aura pour thème :


Comment devenir acteurs de notre patrimoine ?


Ce vaste projet sera, pour l’OPPAL et ses adhérents, l’occasion d’investir de manière plus significative notre patrimoine libournais, soit par des actions sur le terrain (entretien, promotion… ), soit par des actions ciblées (opposition à certains projets de construction…), soit par la mise en place d’un mécénat privé pour la restauration de certains monuments (Tour du Grand Port, Cloître des Cordeliers ?) grâce à un assouplissement de la législation concernant l’investissement privé sur le patrimoine public (en accord avec la Municipalité).  

Une fois de plus les enjeux communs sont primordiaux pour avancer ensemble sur la mise en lumière du patrimoine libournais et l’OPPAL devient une association référente en la matière. Merci à tous pour votre confiance !

Pour l’année 2016, je vous propose la mise en place des « Journées de l’OPPAL » : une fois par mois, la jolie Chapelle de Condat ainsi que l’église Saint-Jean seront ouvertes au public par l’OPPAL (cf calendrier ci-dessous), afin que tous ceux qui le souhaitent viennent apporter leur aide à l’entretien de ces lieux exceptionnels ou accueillir les visiteurs dans leur découverte. Car devenir acteurs de son patrimoine c’est aussi l’entretenir, le promouvoir, l’offrir avec passion…

Bien sûr, ce sera l’occasion pour moi de vous rencontrer et de vous guider dans les méandres insolites et féconds de notre belle histoire libournaise…

Mais 2016, c’est aussi l’année Saint Amadour ! Alors pour participer « activement » au lien qui unit les sanctuaires de Condat et de Rocamadour (cf « Il était une fois… La Chapelle de Condat »), je vous propose une journée culturelle et festive au fameux roc du Val d’Alzou le samedi 4 juin 2016 avec visite de Rocamadour, du sanctuaire et repas dans un lieu typique de la cité perchée ! (Compter 40€ la journée).

 Bien sûr, l’OPPAL continue son action :
-    auprès de la municipalité, grâce à Jean-François Le Strat, représentant de l’association au Comité Consultatif de Prospective de la Ville de Libourne et par des implications ponctuelles (création du Guide de visite du cimetière de La Paillette…)
-    auprès des jeunes, des associations et des EHPAD par des balades ou conférences
-    auprès des croisiéristes par des propositions d’animations touristiques
-    auprès du plus grand nombre par la parution de livres sur l’histoire de Libourne et la participation à des évènements télévisés.



Calendrier des « Journées de l’OPPAL » 2016





« Une Journée pour la Chapelle »

Samedi 16 janvier de 14h à 17h
Samedi 13 février de 14h à 17h
Samedi 12 mars de 14h à 17h
Samedi 9 avril de 15h à 18h
Samedi 14 mai de 15h à 18h
Samedi 11 juin de 15h à 18h



« Une Journée pour l’église Saint-Jean-Baptiste »
 

Samedi 23 janvier de 14h à 17h
Samedi 20 février de 14h à 17h
Samedi 19 mars de 14h à 17h
Samedi 30 avril de 15h à 18h
Samedi 21 mai de 15h à 18h
Samedi 18 juin de 15h à 18h







Plus que jamais le patrimoine s’illumine de nos rêves les plus chers : revoir briller la ville de son lustre originel ! Alors pour que ces rêves prennent corps, en 2016, devenons acteurs de notre patrimoine !


Oppalement vôtre,


Camille


Libourne, la Confluente          Toute l’histoire de Libourne est placée sous le signe de la confluence.  Confluence de r...