Toute l’histoire de Libourne est placée sous le signe de la confluence.
Confluence de rivières avec la rencontre de l’Isle et de la Dordogne, mais aussi de terres, d’horizons et d’hommes.
Chaque jour la mer et la rivière s’unissent au cœur d’un paysage unique, riche de la diversité de ses sols.
Cette richesse, fécondée par la douceur du climat océanique est à l’origine de la première implantation humaine à l’endroit où prospéra le village de Condatis sur lequel s’érigea la magnifique bastide de Libourne.
Voici les éléments clefs de son histoire pour mieux comprendre la ville actuelle...
I)
Une situation géographique hors
du commun
Située au confluent de L’Isle et de la
Dordogne, la ville de Condatis (premier nom de Libourne voulant dire confluent)
fut dès la période Gallo-Romaine un lieu d’échanges commerciaux importants.
Grâce à la profondeur et à la largeur du confluent aux pieds de la ville, les
grands bateaux de mer pouvaient y mouiller sans crainte, faisant de Condatis le
premier port de navigation maritime à près de 100 km de la mer (par voie
fluviale). En effet ce confluent en bout d’estuaire permettait aux bateaux de
négoce d’éviter Bordeaux et d’approvisionner directement la ville du confluent.
C’est un fait géographique unique en Europe.
II) La présence de Charlemagne
Sur le plan historique cette fois-ci, la venue de Charlemagne à Condatis en 769 lors de la construction du château de Fronsac, qui lui permit de remporter la victoire sur le duc d’Aquitaine et de réunifier la région au royaume de France, fut un événement fondateur.
Charlemagne et ses troupes logeaient à
l’entrée de la ville lors de la construction de la forteresse et durant un an,
participèrent à sa vie économique et sociale.
Le tertre de Fronsac, en face du port de Libourne
III)
La Sainte Epine de Libourne
Pour remercier les habitants de Condatis de
l’avoir accueilli, lui et ses troupes, Charlemagne offrit à la ville un objet
précieux qui allait devenir l’un de ses atouts économiques et politiques :
une épine de la Couronne du Christ (offerte par le Sultan Haroun al Rachid lors
de son sacre en l’an 800). Considérée comme une Sainte relique (relique
attribuée à Jésus), la Sainte Epine joua un rôle crucial dans le développement
de la ville jusqu’à la période de la Restauration. En effet, les Saintes
reliques (cf Constantin ou Charlemagne) étaient considérées comme un symbole de
puissance absolue. Posséder une relique du Christ revenait à posséder le
pouvoir.
La Sainte Épine de Libourne |
IV)
La période anglaise
La construction du Château de Condat dans la
palus éponyme par l‘arrière grand-père d’Aliénor d’Aquitaine joua un grand rôle
dans le développement de Condatis. C’est ici que venaient chasser les rois
d’Angleterre après le mariage d’Aliénor et d’Henri Plantagenêt. C’est aussi à
ce moment là que se développa fortement le négoce du vin. Les anglais offrirent
de très nombreux privilèges à la ville durant les trois siècles de leur
présence et c’est à un chevalier anglais, sir Roger de Leyburn que le roi
Edouard Ier offrit la nouvelle bastide en construction qui prit désormais son
nom.
La Chapelle de Condat près de laquelle s'élevait le château des rois d'Angleterre |
V)
La plus grande bastide
d’Aquitaine
Libourne est une bastide, c’est à dire une ville nouvelle du Moyen-Âge. Près de 400 bastides furent construites durant la période anglaise pour trois grandes raisons :
- une raison démographique : il
s’agissait de concentrer la population grandissante dans des lieux sûrs et
prospères.
- une raison économique : les villes
étaient des lieux d’échanges et de commerce importants.
- une raison stratégique : les villes
étaient fortifiées garantissant la sécurité des habitants lors des attaques
ennemies. Rappelons que si l’Aquitaine était entrée dans le Girons de la
Couronne d’Angleterre, celle-ci restait vassale du royaume de France qui
multipliait les attaques pour récupérer son dû.
Les bastides étaient construites selon un
plan préalablement établi à partir de la géographique physique du lieu. Pour
Libourne il était pentagonal. Erigées selon la structure d’un camp romain, les
bastides possédaient deux rues principales à l’instar du cordo et du decumenus
qui se coupaient en angle droit au niveau de la place publique (représentant
l’ancien quartier général). Sur cette place devaient être obligatoirement
présents l’Ostau de Bilau (l’Hôtel de Ville) et l’église (le temporel et le
spirituel). A Libourne l’église Saint Thomas (le Marché Couvert d’aujourd’hui)
se trouvait en face de la mairie. Mais rapidement, face à sa vétusté, l’église
Saint Jean, plus près du port, grandit en taille et en notoriété devenant
l’église principale de la ville.
C’est le Prince Noir qui fit bâtir les
murailles de la ville d’une circonférence de 2,5 km sur deux rangées de murs et
de tours dont seule la Tour du Grand Port a survécu.
La Tour du Grand Port, vestige des murailles de Libourne |
VI) La présence de Louis XI
A la fin de la guerre de Cent ans et la
destruction du château de Condat par l’armée française, nombreux furent les
libournais qui quittèrent la ville pour aller vivre en Angleterre. En effet si
la période anglaise fut parfois mouvementée en France, elle fut pour Libourne
un formidable élan de prospérité. Voilà pourquoi les français se vengèrent-ils
sur la jolie bastide.
En 1462, les libournais supplièrent le roi de
France en visite à Bordeaux, de rebâtir leur ville qui était en ruine. Le roi
accepta de se déplacer et fut conquis par la présence de la Sainte Epine de
Charlemagne qu’il fit transporter en procession. Il décida de reconstruire la
ville qui devint, selon plusieurs historiens, une des plus belles vitrines de
la chevalerie française.
La bastide de Libourne au confluent de l'Isle et de la Dordogne |
VII)
Révolution et Restauration
Après les désastres causés par la Révolution
Française tant sur le plan économique que patrimonial, Libourne fut presque
totalement anéantie. Il fallut attendre la Restauration pour que la ville soit
entièrement rebâtie de la manière que nous connaissons aujourd’hui. Les
murailles furent détruites afin de permettre l’extension de l’urbanisation hors
des murs d’enceinte. Les allées entourant le centre médiéval permirent la
création de nouveaux quartiers en forme d’éventail. En effet les deux rivières
bloquaient toute possibilité de construction à l’Ouest de la ville.