Depuis plus de 1000 ans, la ville de Libourne, qui s’appelait alors
Condatis (le Confluent) fêtait en grande pompe, chaque 25 mars, l’une des
plus grandes fêtes catholiques mariales : l’Annonciation.
Des milliers de fidèles et de
pèlerins se pressaient devant la chapelle de Notre Dame de Condat, dans la
palus éponyme, pour célébrer l’annonce faite à la Vierge Marie par l’archange
Gabriel de sa divine maternité.
En ce temps là, comme aujourd’hui
encore, Libourne était une ville étape sur le chemin de Saint-Jacques de
Compostelle, située sur la voie secondaire de la Via Turonensis, entre Poitiers
et Belin Beliet. Les nombreux pèlerins qui empruntaient ce chemin passaient par
Saint-Emilion, visitaient la Sauve-Majeure puis se rendaient à Belin Beliet sur
les tombeaux des compagnons de Roland de Roncevaux.
A Condatis, ils venaient
vénérer la Sainte Epine et demander des grâces à Notre Dame de Condat dont le
sanctuaire était l’un des plus grands et des plus prisés d’Aquitaine, un petit
Lourdes du Moyen-Age.
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| La Chapelle de Condat, sanctuaire marial, extérieur |
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| La Chapelle de Condat, sanctuaire marial, intérieur |
Pour chaque vœu exaucé, ils
laissaient en cadeau : cannes, chaussures, objets de valeur, appelés
ex-voto, pour remercier la Vierge de les avoir guéris par sa puissante
intercession. Aussi la chapelle de Condat était-elle jonchée de ces objets
avant qu’ils ne soient remplacés au XIXème siècle par des plaques de marbre plus
discrètes. Parmi eux se trouvaient de nombreux bateaux, comme ceux que l’on
peut voir aujourd’hui enchâssés dans les murs de la nef. Aucun marin ne prenait la mer avant d’avoir invoqué la divine protection de la Vierge Marie. La mer, vous le savez, c’était l’océan bien sûr, mais aussi la Garonne et la Dordogne qui reçoivent chaque jour en leur sein les flux et le reflux de la marée et qui ont donné leur nom à l’Entre-Deux-Mers.
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| Les ex-voto de la Chapelle de Condat |
Ainsi Libourne jusqu’au début
du XXème siècle était-elle le centre d’immenses fêtes populaires dont la plus
importante était certainement celle de l’Annonciation. Les célébrations
mariales étaient suivies d’une grande effervescence où la danse, les chants,
jeux et festins rythmaient les heures de la journée au son des fifres et des
tambourins. Les pèlerins faisaient étape à l’hospice des Jacquets (le premier
hôpital de Libourne : l’hôpital Saint James en lieu et place du temple
protestant actuel) ou reprenaient le chemin vers Belin Beliet en franchissant
la Dordogne en face du port de Génissac tout au fond de la presqu’île de
Condat.
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| Notre Dame de Condat |
Aujourd’hui point de fête, de
danse, de célébration mariale au milieu de la foule, point de pèlerins, de
fidèles, de curieux, ni même de Libournais en ces temps de confinement.
Et pourtant….
Ce soir à 19h30, les cloches
de la ville vont sonner, comme celles de toutes les églises de France dans un
grand élan fraternel, en communion avec les malades, les soignants, les
familles dans la peine, les personnes isolées…
Moment intense de partage et
de fraternité, d’espérance et de confiance en ces temps difficiles, où nous
sommes tous invités à déposer une bougie sur le rebord des fenêtres en signe
d’espérance, avant d’applaudir les soignants à 20h comme partout en France.
Non décidément Libourne n’aura jamais connu un jour de
l’Ange comme celui-ci !
A ce soir, en communion de
cœur,
Camille
