J’ai toujours rêvé de visiter
Rome…
Je n’en ai jamais eu
l’occasion.
Pourtant, hier, elle s’est
présentée à moi, en raison du confinement, grâce à la retransmission en direct de la messe des
Rameaux, présidée par le pape François, en la basilique Saint Pierre de Rome… merveille
des merveilles, chef d’œuvre à nul autre pareil !
Je ne sais ce qui provoqua en moi le plus
d’émotion : le pape, seul, digne, en cette fête où les chants et les cris
de joie auraient du retentir de partout ou bien l’atmosphère éthérée, presque
mystique de l’un des plus beaux monuments du monde où l’absence des fidèles
semblait accroître l’aura céleste.
Sans cesse mon esprit vaquait d’un sentiment à l’autre…
Alors que j’aurais dû être happée par la foule
acclamant Jésus entrant triomphalement dans Jérusalem installé sur son petit
âne, j’étais époustouflée par le Baldaquin du Bernin, une pièce de bronze
unique au monde de près de 30 mètres de haut, chef d’œuvre architectural
alliant force, souplesse et légèreté, placée juste au dessous de
l’extraordinaire coupole de Michel Ange…
Alors que je frémissais à l’annonce de la
Passion de Jésus, pendant la lecture de l’Evangile, j’étais soufflée par
l’atmosphère irréelle aux reflets irisés et bleutés des marbres polychromes de
la nef centrale.
Quelle magnificence…
Me revinrent en mémoire les paroles du Livre de
la Sagesse : « La grandeur et la beauté des créatures font par
analogie contempler leur Auteur ».
Telle une touriste chanceuse, je photographiais ces images merveilleuses dans mon cœur et dans mon esprit, amoureuse déjà de la Ville Sainte sans l’avoir jamais visitée.
Je me souvenais de mon travail sur la sainte
Epine de Libourne dont les recherches m’avaient entrainée à la suite de Constantin
Ier, fondateur de la Basilique Saint Pierre de Rome, premier empereur chrétien à avoir rassemblé
les Saintes Reliques (attribuées à Jésus) et les reliques des saints, à
Constantinople et à Rome.
Cette basilique il l’avait voulue en lieu et
place du grand cirque de Rome, le Circus Vaticanus où avait été martyrisé et
inhumé l’apôtre Pierre. Plusieurs fois agrandie et remaniée, c’est au XVIIème
siècle qu’elle trouva sa configuration définitive.
Il est impossible d’en énumérer les richesses
tant elles sont nombreuses. Elles relatent, à elles seules, plus de 2000 ans
d’histoire.
L’on sait qu’avant même la
naissance de Jésus Christ, le mont Palatin, était couvert des résidences et des jardins impériaux qui
donnèrent plus tard leur origine au mot palais. Parmi celles-ci, se trouvait la
somptueuse villa d’Agrippine dont le fils, Caligula, ordonna la construction
d’un cirque privé, le futur Circus Vaticanus, à cet endroit.
Quinze siècles plus tard,
l’architecte Donato Bramante, vainqueur du concours pour la construction d’une
nouvelle basilique, au dessus de celle de Constantin, opta pour une
architecture en forme de croix grecque, très originale (et controversée) à
l’époque. Jusqu’à l’arrivée de Michel Ange, les travaux traînèrent en longueur,
stoppés net par le Sac de Rome, commandé par Charles Quint en 1527. A 70 ans, Michel
Ange avait déjà fait ses preuves. Il conçut la coupole de la basilique, selon
le souhait de Bramante avant sa mort. Sous le dôme le plus haut du monde, il
disposa l’une de ses plus belles œuvres sculpturales : la Piéta.
Il fallut attendre 1602 pour que la nef centrale
monumentale et la façade actuelle soient construites, donnant enfin à la
basilique une forme de croix latine. Dans cette nef on installa l’imposante
statue de bronze du prince des apôtres, Saint Pierre, vénérée par les pèlerins
depuis le XIIIème siècle.
Quelques années plus tard, Le Bernin créa
l’incroyable baldaquin au dessus de l’autel et du tombeau de Saint Pierre. Il
construisit dans les quatre piliers latéraux un passage permettant l’accès à
des niches abritant les reliques parmi les plus sacrées de la Chrétienté :
- La lance de Longin, le légionnaire qui perça
le flanc de Jésus et se convertit au moment de sa mort sur la Croix,
- Le voile de Véronique, amie de la Vierge
Marie, qui essuya le front de Jésus sur son Chemin de Croix.
- Un fragment de la Vraie Croix retrouvée par
Sainte Hélène au IVème siècle,
- Une relique de Saint André, apôtre, patron de
Notre Diocèse de Bordeaux.
On peut les reconnaître facilement grâce aux
statues monumentales qui les représentent de part et d’autre.
Il façonna aussi la célèbre statue équestre de
Constantin installée dans la Scala Regia, escalier reliant le palais
apostolique et la basilique Saint Pierre. Statue bientôt rejointe par celle de
Charlemagne, en hommage aux deux grands empereurs chrétiens.
Pour la fête des Rameaux 2020, en communion
avec tous les malades et les personnes endeuillées par l’épidémie du Covid-19,
le pape François a fait placer derrière lui, le Christ miraculeux qui sauva Rome
de la grande peste de 1522. Cette statue de bois, réchappée de l’incendie de
l’église San Marcello où elle se trouvait en 1519, était déjà considérée comme
miraculeuse. Pendant la grande épidémie de peste qui faillit coûter la vie à
l’ensemble de la population romaine, la statue fut portée en procession dans
toute la ville malgré l’interdiction des autorités craignant une propagation de
l’épidémie. Le jour de son retour à San Marcello, la ville fut sauvée, la peste
arrêtée.
C’est devant cette statue que le pape François
a célébré hier le sacrifice du Christ, dans une solennité teintée d’émotion,
face à quelques personnes triées sur le volet mais surtout face au monde entier
via la télévision et les réseaux sociaux.
De ce voyage initiatique, spirituel et
historique, je ne ressortais pas indemne, bouleversée par la profondeur du
contenu et du contenant de ce que je vivais. Le contenu : la Passion de
Jésus, mort et ressuscité pour tous les hommes quels qu’ils soient et où
qu’ils vivent ; le contenant : ce chef d’œuvre architectural créé au
fil des siècles par tous ceux qui ont entrepris de marcher à la suite du Christ
et de témoigner de son amour sous la conduite de l’Esprit Saint.
C’est sur cette dernière photo que s’achève mon
voyage : la colombe de l’Esprit Saint, illustrant l’un des plus
prestigieux vitraux de la basilique Saint Pierre de Rome, connu dans le monde
entier ; C’est la colombe de l’amour, symbole de paix et d’espérance,
celle-là même qui rejoint Noé dans l’Arche tenant en son bec un rameau
d’olivier et annonçant la fin du Déluge…
Puisse cette Colombe nous rappeler sans cesse
que l’Amour est plus fort que la mort!
Camille