Libourne la " Flamboyante "
6 mars 1462
Louis XI par J.L. Lugardon |
Le 6 mars 1462,
le roi Louis XI redonnait à Libourne ses lettres de noblesse en la
réinvestissant dans ses privilèges après le départ des anglais. Son frère
Charles, nommé Duc de Guyenne, confirma cette réhabilitation et dota la ville
de nombreuses protections qui lui valurent un prestige sans égal et le rang de
fief de la chevalerie.
Cette renaissance de Libourne après sa création en 1270 fut
véritablement le premier âge d’or de la ville.
A la fin de la
Guerre de Cent Ans, Libourne n’avait pas été épargnée par l’armée française,
qui avait détruit une grande partie de la jeune bastide et la totalité du château de Condat. Après
quatre siècles d’existence, le château des ducs d’Aquitaine devenu château
royal d’Angleterre, accueillant tour à tour Aliénor d’Aquitaine, ses fils
Richard Cœur de Lion et le Prince Jean ou encore le roi Edouard III, Le Prince
Noir et la belle Jeanne de Kent, fut réduit à néant.
Contrairement à
de nombreuses idées reçues, le départ des anglais fut pour Libourne un
déchirement. Avec eux, et leur duchesse tant aimée devenue reine d’Angleterre,
la ville s’était créée, avait grandit, s’était enrichie grâce au commerce pour
devenir le premier port de navigation maritime à près de 100km à l’intérieur
des terres. Une situation unique lui offrant une ouverture sur le monde qui l’avait
propulsée au sommet de sa gloire au moment où les français ruminaient leur
vengeance. Lorsque ces derniers purent assouvir leur soif, après la bataille de
Castillon, nombreux furent les libournais qui s’expatrièrent vers l’Angleterre.
Cette émigration s’accrut après les trahisons du roi Charles VII envers la
ville nouvellement conquise et le peu d’estime qu’il lui montra. De la même
manière qu’il avait laissé brûler sur le bûcher celle qui le sauva de l’anonymat, il
abandonnait Libourne.
Mais en 1461,
terrassé par la crainte de la trahison et rongé par le chagrin, il s’éteignit
offrant au dauphin, son fils, le royaume de France. Celui-ci se hâta de régner
sous le nom de Louis XI, roi au caractère aussi affirmé qu’ambivalent.
Louis XI en bas, devant la Sainte Epine Eglise de l'Epinette. |
Il réaffirma, de la même manière, les
privilèges de Bordeaux et rappela les seigneurs du pays que son père avait
chassés, en leur rendant leurs biens.
A Libourne, il
s’installa au célèbre couvent des Cordeliers, les moines de Saint-François
d’Assise très aimés des libournais, qui faisaient office d’aumôniers bien sûr,
mais aussi de médecins, de pompiers, de conciliateurs, de chroniqueurs, de
diplomates et surtout de défenseurs des pauvres. Ils étaient les assistants
aussi bien des âmes que des corps. La piété de Louis XI n’était pas feinte et
il fut touché par l’histoire de la Sainte Epine rapportée par Charlemagne six
siècles plus tôt qu’il vénéra lors d’une grande procession.
Il se rendit pieds nus à l’église de l’Epinette revêtu de l’aumusse
(cape ecclésiastique) et de l’habit d’un chanoine de saint-Emilion. Le
lendemain, il accorda, en grande pompe, un droit d’asile à la ville, de
protection et de franchise qui lui permit de se relever rapidement.
En offrant la
Guyenne à son frère Charles en 1470, il acquit définitivement la popularité des
habitants de Libourne, en aidant la ville à renaître de ses cendres et en
redynamisant son commerce. La nouvelle notoriété de la bastide lui plut tant
qu’il en fit l’une des plus belles vitrines françaises de la chevalerie, y
organisant tournois et fêtes somptueuses.
A la place du célèbre château de Condat, dans la palus du même nom, il concentra tous ses efforts sur la petite chapelle orpheline (ancienne chapelle du château) qu'il dota d’une architecture gothique flamboyante, identique à celle de la chapelle basse de la Sainte-Chapelle de Paris dédiée à la Vierge Marie. La chapelle de Condat retrouva, dans un faste inconnu jusqu’alors, sa vocation originelle de sanctuaire marial (lieu de guérison spirituelle ou physique consacré à la Vierge Marie) sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle: l'un des plus hauts lieux spirituels d'Aquitaine au Moyen Age.
Scène de tournoi issue du Livre des Tournois de René d'Anjou |
A la place du célèbre château de Condat, dans la palus du même nom, il concentra tous ses efforts sur la petite chapelle orpheline (ancienne chapelle du château) qu'il dota d’une architecture gothique flamboyante, identique à celle de la chapelle basse de la Sainte-Chapelle de Paris dédiée à la Vierge Marie. La chapelle de Condat retrouva, dans un faste inconnu jusqu’alors, sa vocation originelle de sanctuaire marial (lieu de guérison spirituelle ou physique consacré à la Vierge Marie) sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle: l'un des plus hauts lieux spirituels d'Aquitaine au Moyen Age.
Le chapelle de Condat à Libourne, joyau du Gothique Flamboyant |
Camille Desveaux