lundi 2 mars 2015

Libourne la flamboyante !



Libourne la " Flamboyante "



Le Prince et la bastide, dessin C. Desveaux 


6 mars 1462


Louis XI par J.L. Lugardon
Le 6 mars 1462, le roi Louis XI redonnait à Libourne ses lettres de noblesse en la réinvestissant dans ses privilèges après le départ des anglais. Son frère Charles, nommé Duc de Guyenne, confirma cette réhabilitation et dota la ville de nombreuses protections qui lui valurent un prestige sans égal et le rang de fief de la chevalerie.
Cette renaissance de Libourne après sa création en 1270 fut véritablement le premier âge d’or de la ville.


A la fin de la Guerre de Cent Ans, Libourne n’avait pas été épargnée par l’armée française, qui avait détruit une grande partie de la jeune bastide et la totalité du château de Condat. Après quatre siècles d’existence, le château des ducs d’Aquitaine devenu château royal d’Angleterre, accueillant tour à tour Aliénor d’Aquitaine, ses fils Richard Cœur de Lion et le Prince Jean ou encore le roi Edouard III, Le Prince Noir et la belle Jeanne de Kent, fut réduit à néant.

Contrairement à de nombreuses idées reçues, le départ des anglais fut pour Libourne un déchirement. Avec eux, et leur duchesse tant aimée devenue reine d’Angleterre, la ville s’était créée, avait grandit, s’était enrichie grâce au commerce pour devenir le premier port de navigation maritime à près de 100km à l’intérieur des terres. Une situation unique lui offrant une ouverture sur le monde qui l’avait propulsée au sommet de sa gloire au moment où les français ruminaient leur vengeance. Lorsque ces derniers purent assouvir leur soif, après la bataille de Castillon, nombreux furent les libournais qui s’expatrièrent vers l’Angleterre. Cette émigration s’accrut après les trahisons du roi Charles VII envers la ville nouvellement conquise et le peu d’estime qu’il lui montra. De la même manière qu’il avait laissé brûler sur le bûcher celle qui le sauva de l’anonymat, il abandonnait Libourne.

Mais en 1461, terrassé par la crainte de la trahison et rongé par le chagrin, il s’éteignit offrant au dauphin, son fils, le royaume de France. Celui-ci se hâta de régner sous le nom de Louis XI, roi au caractère aussi affirmé qu’ambivalent.


Louis XI en bas,
devant la Sainte Epine
Eglise de l'Epinette.
En 1461, il arriva par Blaye à Bordeaux pour y marier sa sœur Magdeleine avec l’héritier présomptif de la couronne de Navarre, Gaston de Foix. Le maire de Libourne y vit la possibilité de défendre sa ville et se hâta d’aller rendre hommage au nouveau souverain accompagné des jurats de la ville. Emu par son histoire, Louis XI promit de venir sur place constater les dégâts causés par la guerre et y apporter remède. Il offrit, le 6 mars 1462, des lettres patentes en faveur de la ville, confirmant ces anciens privilèges et lui en accordant de nouveaux, notamment l’établissement de trois foires, de trois jours chacune : celle de la Saint-Martin en novembre, celle de la Mi-Carême et celle de la Saint-Nicolas en mai.
Il réaffirma, de la même manière, les privilèges de Bordeaux et rappela les seigneurs du pays que son père avait chassés, en leur rendant leurs biens.

A Libourne, il s’installa au célèbre couvent des Cordeliers, les moines de Saint-François d’Assise très aimés des libournais, qui faisaient office d’aumôniers bien sûr, mais aussi de médecins, de pompiers, de conciliateurs, de chroniqueurs, de diplomates et surtout de défenseurs des pauvres. Ils étaient les assistants aussi bien des âmes que des corps. La piété de Louis XI n’était pas feinte et il fut touché par l’histoire de la Sainte Epine rapportée par Charlemagne six siècles plus tôt qu’il vénéra lors d’une grande procession.
Il se rendit pieds nus à l’église de l’Epinette revêtu de l’aumusse (cape ecclésiastique) et de l’habit d’un chanoine de saint-Emilion. Le lendemain, il accorda, en grande pompe, un droit d’asile à la ville, de protection et de franchise qui lui permit de se relever rapidement.

En offrant la Guyenne à son frère Charles en 1470, il acquit définitivement la popularité des habitants de Libourne, en aidant la ville à renaître de ses cendres et en redynamisant son commerce. La nouvelle notoriété de la bastide lui plut tant qu’il en fit l’une des plus belles vitrines françaises de la chevalerie, y organisant tournois et fêtes somptueuses. 



Scène de tournoi issue du Livre des Tournois de René d'Anjou


A la place du célèbre château de Condat, dans la palus du même nom, il concentra tous ses efforts sur la petite chapelle orpheline (ancienne chapelle du château) qu'il dota d’une architecture gothique flamboyante, identique à celle de la chapelle basse de la Sainte-Chapelle de Paris dédiée à la Vierge Marie. La chapelle de Condat retrouva, dans un faste inconnu jusqu’alors, sa vocation originelle de sanctuaire marial (lieu de guérison spirituelle ou physique consacré à la Vierge Marie) sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle: l'un des plus hauts lieux spirituels d'Aquitaine au Moyen Age.


Le chapelle de Condat à Libourne, joyau du Gothique Flamboyant


Camille Desveaux






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